Art, vidéo et politique en Argentine

le 14 février à 17 h - projection/conférence

Gustavo Kortsarz
hemorragia
2003-2004 - 22" 06 en boucle - vidéo installation
Un battement, l'écluse du canal, un autre battement, petit à petit l'eau vire au rouge, bref silence, noir, le cycle recommence: accident cérébrale avec perte momentanée de la conscience ?
On raconte que pendant la conquête de l'Amérique, dans ce qu'aujourd'hui est l'Argentine, sur les berges d'un fleuve, les indiens Quilmes furent massacrés et les eaux de cette rivière devinrent rouges; depuis, ce cours d'eau s'appelle Matanza (tuerie); les personnages changent mais l'Histoire se répète, avec le fleuve par témoin.
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Carlos Trilnick

1978/2003
2003 - 7' en boucle
Le stade vide, un homme, seul, marche jusqu'au but avec une démarche tranquille. Le fardeau noir qu'il charge dans ses bras est une toile qu'il dépliera d'un poteau à l'autre. Il couvre la cible du joueur, annule la valeur symbolique de la victoire dans le but, il clos le spectacle, il signale le deuil. (Andres Denegri)
Comme partie d'une série d'actions commémoratives, Trilnick réalise un acte de deuil et mémoire. Cet acte se concrétise dans un terrain du stade où le mondial 78 a été inauguré; un commentaire muet dans un terrain vide.
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Graciela Taquini

Granada
2005 - 6' 10"
“Si mal je ne me rappelle pas (...) Je ne vais jamais oublier (...) J'ai oublié beaucoup de choses (...) Cela je me souviens (...) J'ai perdu la notion des jours et des heures (...) Ah, j'avais oublié quelque chose (...) j'ai oublié quelque chose (...) Des images me viennent (...) des discours, des marches, des textures, des odeurs (...) Maintenant je me rappelle (...) Il y a des choses que je ne pourrai jamais oublier (...) je ne pourrai jamais oublier (...) J'ai oublié beaucoup de choses, j'ai oublié même le nom de ma camarade (...) Je n'ai jamais voulu revenir à l'endroit où j'ai été (...) je ne suis jamais passé par là, je n'ai voulu jamais passer par là (...) C'était l'enfer du Dante (...) Par des moments je m'amusais (...) Cette accoutumance était horrible (...) Mais j'ai pu résister, j'ai pu le supporter ”

Les phrases d'Andrea Fasani, femme qui fut séquestrée pendant la dictature militaire qui a gouverné l'Argentine entre 1976 et 1983, nous arrivent par le biais d'une reproduction vidéographique : un souffleur se révèle immédiatement; le témoignage est joué, peut-être revécu, mais effectivement étayé par quelqu'un situé hors champ. Il n'y a pas trop de références de ce qui est dit, mais ce qui reste clair c'est l'acte de témoigner, d'essayer de se rappeler, de dire, de dire même l'oubli sur cette séquestration. La mise en scène évidente et la fiction qui apparaît ainsi - ou qui paraît - nous donne un regard sur le discours audiovisuel, dans un premier moment, qui refroidit l'importance du témoignage. La vidéo, usuellement associé à un registre d'un ici et maintenant véridique, à la possibilité d'un registre immédiat de quelque chose qui arrive crûment devant une caméra, dans ce cas avec quelques éléments du genre documentaire testimonial qui renforceraient cela, finit par attirer son propre désaveu. Le souffleur porte attente à l'effet de réalité, même vers ce qui pourrait être vraisemblable ; il fait trembler la vérité de ce qui est dit, ce qui est très important dans ce cas, puisque l'on fait allusion à une douloureuse expérience personnelle, dont on peut voir clairement la connotation historique malgré le discours fragmenté.
Cependant, il arrive que, dans la performance de cet acte, dans l'effort et dans la répétition des phrases dites, devienne présente la volonté de vouloir et de pouvoir se rendre compte du fait de se rappeler ou d'oublier quelque chose qui, fondamentalement, devient indicible. Alors, l'exercice de témoigner incarne à nouveau l'horreur, mais cette fois-ci dans une dimension plus complexe. La présence par absence est souvent plus puissante. La bouche et le regard de cette personne, manifestent l'inexprimable, ce qui est là, en résonnant dans l'air et enregistré par la vidéo. Je vois (vidéo) le symbole de l'horreur, le témoignage de la frayeur.
Il semblerait qu'il suffit de dire “me viennent des images, des discours, des marches, des textures, des odeurs”; dans ce registre il n'es pas important de faire explicite lesquels. C'est la mise en scène de l'acte de l'interrogation, du fait d'oublier et de se rappeler, du fait de témoigner.
Le souffleur force à revivre quelque témoignage déjà dit ou, simplement, en construit un nouveau. Dans les crédits finaux du vidéo, en effet, on fait allusion à un travail précédent sur ce même témoignage. La vidéo rappelle alors une autre vidéo qui rappelle à son tour une séquestration. Mais c'est l'ambiguïté celle qui finit par donner plus de force au témoignage, celle qui justifie la répétition de l'acte, celle qui lui rend la vie, en réussissant à s'éloigner de l'image terrifiante ou romantique du prisonnier, pour pouvoir communiquer alors un regard solide et critique, en enveloppant chaque élément et en construisant ainsi un clair exercice de mémoire. Il est ainsi qu'avec très peu d'éléments, les concepts les plus complexes et profonds sur l'existence humaine, peuvent être ramenés et pensés; l'instinct de conservation, l'éthique, les convictions idéologiques, la faiblesse et la résistance, la mémoire. (Sayago)
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Gustavo Galuppo

el ticket que explotó
2002, 5' 03"
Une vision hallucinée d'une répression brutale. Un moment historique de l'Argentine évoqué par des images extraites et manipulées de westerns et du JT.
En partant d'une lecture personnelle de textes extraits de "The ticket that exploded", de W.Burroughs, ce vidéo se présente comme la mise en place d'un spectacle. Cinéma et TV, la transmission simultanée d'une répression brutale et la représentation infâme de l'héroïsme patriotique dans les westerns américains. Les faits commentés sont mis en évidence comme une mise en scène, comme faisant partie d'un "plus grand spectacle" dans lequel toutes les images et tous les mots ont une fonction précise. Contrôle policier, films de Hollywood, slogans publicitaires, émissions de télévision; tous les éléments manipulés font partie d'un schéma plus large qui n'est autre chose que la configuration totalitaire des politiques néoliberales. De là, de cette conception du "grand spectacle de la soumission", la présentation de la vidéo comme une fonction dans laquelle cinéma et TV font partie du même show; où quelques messages clairs et directs et d'autres confus ou sournois s'articulent pour donner lieu à l'appareil de propagande du colonialisme.
Musique : Vera Baxter
Textes: Gustavo Galuppo, d'après le livre de W. Burroughs
Réalisation : Gustavo Galuppo
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Gabriela Golder

Vacas
2002 - 4' 30"
Le 25 mars 2002. Rosario. Argentine. Environ 400 résidents du quartier Las Flores abattent des vaches que quelques minutes avant s'étaient répandues sur la chaussée lorsque le camion qui les transportait s'est renversé.
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Federico León/Marcos Martínez

Casilla
2006 - 2' 50"
En cherchant des lieux de tournage pour son film Evita, Alan Parker a rendu visite à Julio Arrieta, un habitant du bidonville 21 à Buenos Aires et promoteur d'une école de théâtre dans le bidonville même. Étant donné que ce bidonville a beaucoup d'antennes tv et que ceci ne s'adaptait pas à l'époque de l'histoire, Arrieta lui propose de construire en une journée tout un bidonville sans antennes dans une zone désaffectée. Alan Parker n'a pas cru que c'était possible et il refuse la proposition. Dans cette vidéo -fragment du long métrage "Estrellas" (Etoiles)- Arrieta et ses compagnons nous montrent que c'était possible.













Estanislao Florido

Cartonero
2006 - 3' 07"
Dans le cadre du projet Multiplayer, une série basée sur l'esthétique des jeux vidéo, l'artiste s'approprie de ce langage et crée ses propres versions marquées par un regard ironique et critique. Dans ses vidéos, les personnages destinés à sauter, traverser des obstacles et accumuler des points peuvent être aussi bien les troupes de la Triple Alliance (que Florido récrée à partir des tableaux de Cándido López) qu'un agité "cartonero". Cette vidéoanimation numérique nous montre les vicissitudes d'un jeune "cartonero" dans la ville du Buenos Aires en essayant de survivre aux risques que sa profession implique.
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Rubén Guzman

Stock (Le Dernier Jour de C.)
2007 - 5’ 27”
Un plan séquence qui documente le dernier jour du capitalisme.
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Mariano Raffo
Caras
2002/2003 - 2' 15"
Un clip vidéo réalisé avec des techniques simples d'animation à partir de dessins réalisés par ordinateur, imprimés et collés en utilisant du film super 8 comme support. Le groupe de musique s'appelle Noseso, ils habitent le quartier Atalaya, une zone marginale de la banlieue de Buenos Aires. C'est un trio de rock qu'utilise des jouets, des outils qu'on trouve à la maison et des objets qu'on peut acheter dans un "Tout à 2 € ' pour préparer ses instruments traditionnels : guitare, basse et batterie. Le clip vidéo a été réalisé pendant la crise argentine de 2001 et il pose, de manière onirique, la question de l'identité Latino-américaine et la nécessité d'une union face à l'influence de l'empire. Sans une apparente ligne dramatique le style renvoie à la culture du stencil.
Réalisation: Mariano Raffo
Musique: Noseso
Format d'origine: Super 8
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lieu : École Régionale des Beaux-arts - 34, rue Hoche